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ner pour respirer… Moi, je n’ai rien… Second exercice. Eh ! là bas, monsieur Badoît, regardez voir !

Coyatier plongea pour l’éviter.

— Attention ! dit Pistolet qui coula à son tour.

Le second exercice fut long. Coyatier reparut essoufflé, vomissant des jurons entrecoupés.

— Explication du second exercice, dit le gamin dont le souffle était paisible et net : le marchef contre-pincé par le pied gauche. Pas content. A voulu m’étrangler sous l’eau, mais minute !… A desserré les dents et lâché son couteau que j’ai rattrapé au vol avant qu’il arrive au fond… Êtes-vous prêt pour la troisième et dernière passe, monsieur Coyatier, hé ?

— Je vas te déchirer en morceaux ! hurla le bandit.

— Tâche ! Attention, Monsieur Badoît.

Pendant qu’il parlait encore, Coyatier, mettant la moitié de son torse hors de l’eau, tailla une coupe furieuse, et après deux élans qui furent de véritables bonds, sa main tomba d’aplomb sur la tête du gamin.

Les trois agents ne purent retenir un cri de terreur.

Pistolet et le marchef avaient disparu ensemble.

Cette fois leur station sous l’eau fut si terriblement longue que M. Badoît commença à se déshabiller.

— Il l’a mangé ! dit-il.

Et certes, malgré les deux premières victoires de Pistolet, ce n’était pas du marchef que M. Badoît s’inquiétait.

Au moment où il mettait le pied sur le bord du bateau pour plonger, le gamin reparut seul. Il secoua ses cheveux comme un caniche mouillé, sa voix s’étouffait un peu quand il dit :

— Explication du troisième exercice… Ah ! diable ! il faut souffler un peu.

Il nagea vers le bateau, dont il était séparé maintenant par une vingtaine de brasses, et reprit à moitié chemin :

— Des fois, j’ai vu des pêcheurs qui ont le truc de prendre des brochets de douze li-