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naval ! Descendez le long des deux rives, Monsieur Badoît, et les autres, sans vous commander. À l’eau, j’en mangerais trois et demi comme lui. Vous allez voir quelque chose d’agréable… il m’a appelé grenouille ! c’est bon !

Une seconde forme humaine parut, debout sur le parapet, mais bien différente de l’athlétique prestance du bandit.

C’était Clampin, dit Pistolet, qui ajouta :

— Pas peur ! tout l’été, j’en fais autant sur le canal, pour cinquante centimes, en faveur des Anglais et badauds qui espèrent que je vais me noyer. Suivez les berges : on va vous rattraper l’objet perdu !… après ça, je me rangerai.

Il piqua, lui aussi, une tête, mais non point comme le marchef, à la façon des profanes. Tournant le dos au fleuve, il ramena les coudes en avant et fit le saut périlleux en arrière comme un vrai phoque des bains à quatre sous qu’il était.

Ceux qui, parmi les spectateurs, restaient valides ou à peu près se séparèrent en deux groupes, laissant M. Mégaigne à la garde des blessés.

Badoît prit en toute hâte la berge du faubourg Saint-Germain, et Chopand celle de la rive droite.

Entre ces deux berges, il y a une pointe, la langue de terre qui soutient le pont et à laquelle s’amarrent le bain Henri IV.

Sur cette pointe, en ce moment même, une autre aventure avait lieu, que nous raconterons tout à l’heure.

Chaque chose a son temps.

Suivons d’abord le marchef.