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pularité comme s’il caressait des Prussiens ou des Cosaques.

Et cependant, la plupart du temps, ils combattent l’ennemi de tous : le malfaiteur.

Et ils le combattent sans armes.

Quand ils ont des armes, on leur dit d’avance : ne tuez pas !

Je vous l’affirme : sans le discrédit fatal qui pèse sur ces humbles champions de la sécurité générale, sans la rancune bizarre que le sentiment public, en France, garde contre ceux qui font notre vie abritée et notre sommeil tranquille, vous seriez forcés de les mettre parfois au rang des héros.

J’ai dit : en France, car il est des pays qui se laissent garder sans mépriser leurs défenseurs.

Mais nous, les Français, les spirituels par excellence, nous, le peuple exquis, charmant, incomparable, écoutez, cela est certain, nous avons un faible pour les voleurs.

Dans nos romans, dans nos drames, dans nos opéras-comiques, dès qu’un voleur paraît, il est intéressant. L’auteur sait où est le succès. Il ne s’inquiète guère de corriger les mœurs, le principal est de plaire.

Le voleur plaît ; l’assassin ne déplaît pas.

On leur donne du brio, de l’esprit, de la générosité, des bottes molles, des habits brodés, de la poésie, toutes les séductions, et des chapeaux à larges bords, ornés d’une plume.

On les fait ténors ou pour le besoin barytons ; la basse, peu agréable aux dames, est pour le magistrat, être tout naturellement