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monieuse de Paul se découpèrent en silhouette sur la baie cintrée d’une fenêtre qui s’ouvrait au fond de sa chambre, juste en face de l’entrée. On ne pouvait distinguer ses traits parce que la lumière le frappait en plein dos et mettait son visage à contre-jour, mais l’élégance flexible de sa taille et la pureté de ses profils laissaient deviner un homme très jeune et très beau.

Manifestement, c’était le bruit du marteau qui l’avait appelé, car le silence parut l’étonner au plus haut point.

Manifestement aussi, le bruit l’avait arraché à quelque occupation exigeant du calme. Un poète a cette pose inquiète, quand un son importun vient tout-à-coup troubler son recueillement.

Mais Paul Labre n’était pas un poète.

Il jeta d’abord un regard du côté de la chambre tranquille où les hôtes de Mme Soulas prenaient leur ordinaire ; ensuite, son œil interrogea la porte du no 9 qui restait dans l’ombre, et où le nom, tracé à la craie n’apparaissait point.

Il murmura en se touchant le front :

— On n’est plus soi-même, à ces heures. Je me croyais fort, mais j’ai la fièvre, c’est certain, puisque j’entends des bruits qui n’existent pas.

Il prêta l’oreille encore, attentivement, et ajouta :

— Rien ! J’aurais juré qu’il y avait là des maçons en train d’abattre un pan de muraille. Ma tête déménage.