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Sa main gauche continuait de maintenir la fillette contre sa poitrine.

Il courait avec une rapidité extraordinaire : son fardeau ne semblait pas lui peser plus qu’un fétu de paille.

À la hauteur du Pont-Neuf, un peu au-delà du centre et sur le même plan que la statue de Henri IV, deux hommes étaient placés en évidence au beau milieu de la voie. Ils tenaient de forts gourdins en arrêt.

Coyatier pensa :

— C’est ici la fin de la souricière. Si je leur passais sur le ventre, j’aurais de l’air !

Son raisonnement était bien simple : si ceux-là se montraient, c’est qu’on voulait le forcer à tourner sur la droite, par le quai de l’Horloge, ou sur la gauche, le long du pont, vers le faubourg Saint-Germain.

Mais l’audacieux bandit n’était plus complètement lui-même. Il hésita et se dit :

— C’est drôle, je n’aimerais pas faire attraper un mauvais coup à la petiote.

Son instinct le poussait vers le quai de l’Horloge, qui était sa vraie route ; mais c’était affronter de nouveau les abords de la préfecture, et l’autre voie, trois fois plus large, lui donnait espoir.

Au bout du Pont-Neuf, d’ailleurs, il aurait à choisir entre trois directions, sans compter la petite rue de Nevers ; et, en définitive, ce ne pouvait être une armée qui courait cette nuit sur sa piste.

Il était sûr de ses jambes. Peu lui importait la longueur de la route, pourvu qu’il sortît libre du réseau humain dont il se sen-