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suis tombé déjà trois fois des gouttières sans m’endommager. Allez ferme et ouvrez l’œil : nous ne le tenons pas encore.

Le fugitif, cependant, détalait à toutes jambes ; mais quelque chose de son premier trouble le reprenait, et il se disait :

— C’est drôle que j’en avais l’idée ! ça ne va pas finir comme il faut !

Ces gens-là sont diminués de moitié, dès qu’ils sont mordus par un pressentiment.

En arrivant à la rue Harlay-du-Palais, Coyatier se tint prêt à s’y jeter, si rien de suspect ne frappait sa vue, et prêt aussi à suivre la ligne du quai, en cas d’embuscade.

La rue Harlay semblait solitaire, et cependant le bandit passa franc.

Il fit bien.

Deux ombres se détachèrent de la muraille, dès qu’il eut disparu et vinrent au pas de course rejoindre M. Badoît.

C’étaient Martineau et un autre habitué de l’ordinaire Soulas.

La convocation faite par Badoît avait produit son effet. Toute la table d’hôte était là.

Coyatier avait des yeux derrière la tête. Il vit le renfort qui arrivait à Badoît, et fut à l’instant fixé sur sa situation. Les mesures étaient prises en grand ; désormais, il en était sûr : il allait rencontrer des affûtiers à droite, à gauche, devant, derrière, partout où il porterait ses pas.

Il mit sa main sous sa chemise, et la retira armée d’un long couteau de boucher.

C’était l’instrument qui lui avait servi à tuer Jean Labre, au dernier étage de la tour.