Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À peine avait-il fait dix pas qu’il y eut un miaulement derrière lui.

— Pistolet ! grommela le marchef. M. Badoît n’est pas loin. Tonnerre !

Il voulut presser sa marche, mais une tête d’homme sortit de l’ombre au coin de la rue de Jérusalem.

— Tiens ! tiens ! dit M. Badoît, car c’était bien lui, voilà un commissionnaire qui travaille au clair de lune. C’est suspect. Causons, nous deux, l’homme.

Il avança en même temps pour barrer le passage.

Le marchef prit chasse du premier coup et franchement, parce qu’il supposa que Badoît et sa mouche, comme on appelait Pistolet, étaient seuls.

Il rebroussa chemin dans la direction du Pont-Neuf. Le chat n’était plus au haut du mur.

Mais il était en bas, car le marchef trébucha, pris aux jambes par deux mains maigres qui travaillaient en conscience.

Le marchef saisit la bête aux cheveux, et, sans s’arrêter, il lança le pauvre Pistolet à la volée contre le mur en disant :

— Toi, tu ne vendras plus de matous, grenouille !

La force du marchef était connue. Il y avait de quoi écraser un bœuf. Le gamin s’aplatit littéralement contre le mur et ne bougea plus…

Quand Badoît passa l’instant d’après en courant, il se pencha pour le secourir. Le gamin lui dit tranquillement :

— Laissez voir, patron, je fais le mort. Je