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Ces vêtements du gamin de Paris, qui semblent si élémentaires, ont toujours un nombre suffisant de poches. Dans ces poches, il y a toutes sortes de choses dont la vente ne produirait pas de quoi prendre l’omnibus. Pistolet fouilla ses poches pour trouver un lambeau de papier ; par hasard, le papier manquait. Pistolet chercha sur le carré ; pas le moindre chiffon.

— J’avais pourtant mis la main sur une miette de charbon qui aurait fait un joli crayon, grommela-t-il ; tiens, je suis bête, la carte de M. Paul s’ennuie là, depuis le temps ; je vais la mener au spectacle.

De son pas furtif, qui ne produisait aucun bruit, il s’approcha de la porte du milieu et enleva la carte de Paul Labre, au dos de laquelle il écrivit à tâtons ce nom de Gautron.

Tranquille désormais au sujet des tours que pourrait lui jouer sa mémoire, il dissimula le matou mort sous sa blouse et descendit l’escalier.

L’heure du plaisir avait sonné. Pistolet, libéré de son bureau, allait dans la rue tête haute et nez au vent.

Quand il eut vendu minet au cours du jour à l’industriel honorable qui devait en faire une gibelotte, Pistolet acheta pour deux sous de pain et deux sous de couenne cuite à la poêle qu’il mangea en gagnant le théâtre du Luxembourg. Sans appartenir à la jeunesse dorée, il avait quelque réputation au contrôle comme effronté claqueur.