répondit l’hôtesse d’un ton ferme : Madeleine est morte, bien morte.
— Et ne voulez-vous rien accepter de moi ? Thérèse hésita.
— Si fait, répondit-elle enfin.
— Oh ! demandez ! s’écria le général.
Elle l’interrompit pour dire froidement :
— Ma demande est déjà faite. Depuis longtemps j’ai envie d’embrasser la fille de Madeleine… et aussi la fille de Mme la comtesse de Champmas.
— Grand et digne cœur ! murmura le comte en lui tendant les mains.
— Si vous voulez me donner un bout de lettre avant que je m’en aille, poursuivit Mme Soulas, cela me fera plaisir.
Les grelots de la diligence tintèrent à l’autre bout de la rue.
Le général déchira une page de ses tablettes et écrivit ces mots :
« Ysole, Suavita, mes filles chéries, aimez et respectez celle qui vous portera ce mot, comme vous m’aimez, comme vous me respectez moi-même. »
Pendant qu’il écrivait, Thérèse demandait au conducteur :
— Y a-t-il de la place pour Rouen ?
— Une seule : rotonde.
— Je la retiens.
— Adieu, Soulas ! ajouta-t-elle en se tournant vers le général. Monte, mon homme, et bon voyage !
Elle prit le papier qu’il lui tendait et murmura :
— Je n’abuserai pas, Monsieur le comte. Je ne les embrasserai qu’une fois.