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enfant habillée de deuil.

» Je l’ai dit et je le répète, général, vous êtes un honnête homme. La petite fille fut reconnue ; elle vécut près de vous et porta même votre nom jusqu’au jour de votre mariage.

» Seulement, sa mère l’appelait Charlotte et vous la nommâtes Ysole. Vous ne vouliez rien garder de sa mère.

» Ne vous défendez pas, Monsieur le comte, le monde est ainsi. Vous n’êtes pas fait autrement que les autres ; il vous déplaisait de regarder si bas au-dessous de vous la misérable créature dont vous aviez brisé l’existence… »

Le général passa sa main sur son front et dit :

— N’a-t-elle rien pardonné pour tout l’amour dont j’ai entouré sa fille ?

— Elle a tout pardonné depuis bien longtemps, répliqua Mme Soulas, et si une voix parle pour vous aux pieds de Dieu, c’est la sienne…

« Vous alliez être officier général et vous alliez vous marier. Il y avait un obstacle : Ysole, l’enfant qu’on appelait Mlle de Champmas.

» On savait que vous n’étiez pas veuf.

» Monsieur le comte, vous avez perdu une sainte, mais vous ne connaissiez pas son cœur tout entier. Mme la comtesse de Champmas avait un secret pour vous.

» Oh ! ne craignez rien ! Si vous aviez eu le temps de visiter sa tombe avant de quitter Paris, vous y auriez trouvé des fleurs nouvelles.

» Une bien pauvre main vous a remplacé dans ce soin pieux. Il m’est arrivé parfois