dont la voix s’altéra tout d’un coup.
— Vous êtes donc seule au monde ?
— Toute seule.
— Je vous disais, poursuivit le général après un silence : je suis intrigué ; j’ajoute : je suis embarrassé. J’ai de la fortune…
— Tant mieux pour ceux que vous aimez ! dit vivement Thérèse.
Le général la regarda fixement malgré l’obscurité.
— Voyons ! fit-il avec bonhomie, n’y a-t-il pour moi aucun moyen de reconnaître le service que vous m’avez rendu ?
— Si fait.
— Dites !
Thérèse réfléchit, puis elle murmura :
— Vous me donnerez une lettre pour Mlle Ysole de Champmas, et j’irai embrasser vos deux filles. C’est un caprice que j’ai.
— Je le ferai, chère dame ; mais… Si vous me disiez votre histoire, je suis sûr que mon embarras cesserait. Dès qu’on connaît bien une personne, il y a mille moyens de s’acquitter envers elle.
Thérèse se renfonça dans son coin et répondit péremptoirement :
— Je n’ai pas d’histoire.
Mais, se ravisant tout à coup, elle ajouta d’un accent profond :
— Si c’est pour passer le temps, j’en sais une… J’en sais une qui vous intéressera. Écoutez !