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le s’ébranla.

— À te revoir, maman Flamant, dit le loueur, attention à Bijou, mijote Coco. Tu conduiras, s’il vient du monde. Hie ! poison ! Ça ne ressemble à rien, ça allonge comme un serpent… La femme ! ne perds pas trop de temps à dorloter les petits, rapport aux bêtes.

La carriole descendait cahin-caha la rue de la Harpe. Il est certain que Marion n’avait pas d’apparence ; mais pour allonger, jamais !

Jusqu’à la barrière de Neuilly, la route fut silencieuse.

À la barrière, la double évasion de Coyatier et du général avait été signalée. On visita la voiture, et Mme Soulas de répéter sa fable.

Du reste, la vue seule de Marion témoignait de ce fait qu’on n’entreprenait point un voyage de long cours.

Aussitôt la barrière franchie, le général dit :

— Bonne dame, sans vous j’étais probablement perdu. Je ne voudrais point vous blesser, mais j’ai grand désir de vous prouver ma reconnaissance. Aidez-moi. Que puis-je faire pour vous ?

— Rien, répliqua Thérèse.

— Êtes-vous heureuse ?

— Je ne suis ni heureuse ni malheureuse.

— Le métier que vous faites vous plaît-il ?

— Non, mais il ne me déplaît pas.

— Vous avez l’air d’avoir connu des temps meilleurs.

— Je suis une paysanne, et j’étais la fem-