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nous allons voir notre enfant malade à Saint-Germain, voilà toute l’histoire.

En disant ces mots sa voix trahissait une étrange émotion.

Ils sortirent. Le général, dans la rue, lui offrit son bras qu’elle prit.

Ils passèrent la rivière et montèrent la rue de la Harpe jusqu’à la hauteur de la Sorbonne.

Là, Mme Soulas s’arrêta devant une porte cochère qui ressemblait à l’entrée d’une ferme et au dessus de laquelle une lanterne presque éteinte montrait, en silhouette, une voiture attelée d’un cheval, avec cette légende :

Flamant, loueur et messager.

Elle frappa longtemps en vain.

Au bout d’un gros quart d’heure on vint ouvrir.

— Que diable veut-on à pareille heure ? demanda une grosse voix endormie.

— Nous venons de la part de M. Badoît, répliqua Thérèse.

— Diable ! M. Badoît ?

— Ah ! ah ! M. Badoît ! Va bien, M. Badoît ?

— Pas mal, merci. Je suis Mme Soulas, la maîtresse de l’ordinaire de ces messieurs, rue de Jérusalem.

— Ah ! ah ! maman Soulas ! Bonne soupe ! une renommée, quoi ! et après ?

— Mon mari et moi…

— Tiens, tiens ? fit la grosse voix, je la croyais veuve, Mme Soulas.

— Voici mon mari avec moi, monsieur Flamant, dit Thérèse qui se força de rire.

— Va bien, le mari ? Tant mieux !… Et