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— Pourquoi me parlez-vous ainsi, bonne dame ? demanda le général qui commençait sa toilette.

— Parce que je pense à défunte votre femme, répondit Thérèse. Mon mari était presque aussi bon que la comtesse de Champmas.

— Ma bien aimée femme, vous avait-elle donc rendu un service ?

Thérèse hésita, puis elle répliqua avec une sorte de rudesse :

— Comme vous l’entendez, non… Avez-vous fini ?

Le général passait la redingote de gros drap.

— J’ai fini, répondit-il.

Mme Soulas lui mit une serviette blanche sur les épaules et prit une paire de ciseaux.

— Je vais couper vos cheveux et abattre votre moustache, dit-elle.

— J’allais vous le demander, répliqua le fugitif.

Quelques boucles de beaux cheveux bruns où déjà les fils d’argent abondaient tombèrent sur le carreau.

— Votre main tremble, bonne dame, dit le général.

— C’est ce que je me fais vieille à présent, répondit Thérèse.

Il n’y eut pas d’autres paroles échangées.

Thérèse mit une mante et un bonnet.

— De quel côté voulez-vous aller ? demanda-t-elle.

— Route de Normandie, répondit M. de Champmas. Si je peux atteindre Le Havre, je passerai facilement en Angleterre.

— Venez donc. Vous êtes mon mari, et