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sieur le comte.

Et comme le général hésitait, elle ajouta :

— J’aime vos deux petites demoiselles.

Le général passa sur le seuil aussitôt.

Dès qu’il fut entré, Mme Soulas ferma la porte et mit le verrou.

— Asseyez-vous, dit-elle. Vous êtes chez une honnête femme.

Le général s’assit.

L’hôtesse dit encore :

— Voulez-vous boire et manger ? C’est de bon cœur que je vous l’offre.

— Je n’ai ni faim ni soif, répondit le général.

Alors l’hôtesse demanda :

— Puis-je vous rendre un service ?

— Peut-être, murmura M. de Champmas.

Thérèse s’assit et répéta, comme si elle eût parlé sans savoir :

— J’aime vos deux demoiselles : l’aînée, que je connais, et la cadette, que je n’ai jamais vue… On dit que c’est un pauvre ange du bon Dieu !

— Il y a bien longtemps, prononça le comte à voix basse, que je n’ai embrassé mes filles.

— Ah ! fit Thérèse qui croisa ses mains sur ses genoux, je n’ai pas tout dit : je connaissais l’autre aussi, la sainte… celle qui est morte.

— Je n’ai jamais eu d’autre enfant… commença le général.

Thérèse l’interrompit et dit avec effort :

— Je parle de Mme la comtesse de Champmas, votre femme.

Elle était très pâle et sa physionomie ex-