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— Et l’autre ? demanda l’étranger.

— L’autre… commença Mme Soulas :

Elle n’acheva point, parce que, machinalement, elle avait éclairé la porte de Paul Labre.

— Hein ! fit-elle. La carte est arrachée. Il veut nous quitter, bien sûr !

L’étranger, cependant, dit avec un accent de trouble qui allait presque au découragement :

— Madame, je vous remercie. Veuillez me pardonner de vous avoir dérangée.

Au son de cette voix qui la frappait pour la seconde fois, Mme Soulas se retourna. Son regard tomba sur l’étranger. Elle recula, et son bougeoir faillit lui échapper des mains.

L’étranger ne prit pas garde parce que, se ravisant, il heurtait à la porte du no 9 en appelant :

— Monsieur Gautron ! Monsieur Gautron !

Il n’y eut point de réponse.

L’hôtesse lui toucha l’épaule par-derrière.

— Il faut entrer chez moi, dit-elle d’un accent qui força l’attention de l’étranger.

— Bonne dame, balbutia-t-il, est-ce que vous me connaissez ?

Thérèse répondit :

— Vous êtes le général comte de Champmas.

L’étranger se redressa.

— C’est vrai, dit-il, mais je ne me souviens pas de vous avoir jamais vue.

Un sourire amer essaya de naître sur la lèvre de Mme Soulas, qui répéta :

— Il faut entrer chez moi ; les gens qui se cachent ne sont pas bien ici. Passez, Mon-