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rant à soi la porte pour s’en faire une défense, elle ajouta :

— Il y a quelqu’un là, que voulez-vous, l’homme, à l’heure qu’il est ?

À trois pas d’elle, juste sous le jour de souffrance qui laissait sourdre quelques rayons de lune, elle venait de distinguer une grande ombre immobile.

— Madame, répondit l’ombre d’un ton qui ne s’entendait pas souvent dans la maison Boivin, je ne connais pas les êtres ; c’est la première fois que je viens ici. Dans l’obscurité, toutes ces portes se ressemblent. Je cherche celle de M. Gautron. Son nom doit être écrit en dehors.

Mme Soulas ne répondit point tout de suite. Il semblait qu’elle écoutât encore après que l’étranger eut fini de parler.

Sans qu’elle eût pu dire pourquoi, cette voix l’avait fortement frappée.

— Gautron ! murmura-t-elle enfin, connais pas… Mais attendez donc ! ces messieurs ont parlé de Gautron toute la soirée. Il y a une affaire Gautron.

Elle rentra et alluma vivement sa chandelle en ajoutant :

— C’est peut-être le nouveau locataire du no 9 ; nous allons voir.

Avant de venir sur le carré, elle passa un jupon et une camisole.

— Il y a, songeait-elle, des voix qui vous retournent sens dessus dessous !

Elle sortit enfin, tenant son bougeoir à la main et alla droit à la porte de la tour qu’elle éclaira.

— Rien, dit-elle. Pas un brin d’écriture !