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Et attachant sur lui son regard inquiet, elle ajouta :

— Vous savez bien que je n’aime rien au monde autant que vous !

Le prince, au lieu de l’attirer au-dehors, la repoussa doucement et entra avec elle dans la voiture.

— Pourquoi faites-vous cela ? balbutia-t-elle, pendant que ses beaux yeux humides souriaient.

— Parce que, lui fut-il répondu, je ne suis plus en sûreté à Paris.

Ysole garda le silence ; son sein battait avec force.

— En voulant sauver autrui, poursuivit le prince, on se compromet soi-même…

— Oh ! l’interrompit la jeune fille ; c’est pour moi ! c’est pour mon père !

Le prince dit encore :

— Je suis obligé de fuir.

— Je vous accompagnerai ! s’écria Ysole.

— Y pensez-vous ?… On peut accepter le dévouement d’une femme… d’une fiancée…

Ysole se jeta dans ses bras.

— Je suis à vous, murmura-t-elle dans un long baiser, rien qu’à vous. Je vous suivrais au bout de l’univers !

Le prince se pencha à la portière et appela :

— Giovan-Battista !

Il ajouta quelques mots en italien, et la voiture partit au grand galop.