Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je parlerai de moi d’abord, dit la comtesse avec sang-froid et netteté. Je suis entrée dans l’association, parce que j’avais un but. Pour atteindre ce but, il me faut des ressources, et mon mari n’a que la fortune d’un hobereau breton…

— Qu’il est, ma toute belle ! l’interrompit le vieillard. Et honnête avec cela ! vous êtes mal mariée, voilà le mot. Le Joulou ne vaut pas cher au marché.

La belle dame soupira.

— Je veux qu’on me paye, dit-elle ; j’ai besoin de cent mille écus.

— Pour un renseignement ! se récria le docteur, c’est absurde.

— Je vote non ! déclara le prince. On ruinerait l’association à ce jeu-là.

— Attendez, enfants, attendez ! dit le Père. L’Amitié, tu as la parole.

— J’ai qu’à répéter votre mot, papa ; il est la sagesse même, comme tous ceux qui tombent de votre bouche : Attendez ! Marguerite n’a pas fini.

M. Lecoq ayant ainsi parlé, fit un geste pour réclamer le silence et dit à la comtesse de Clare :

— Déboutonnons-nous. Hé ! bébelle ! chacun est ici pour soi. Marche !

Marguerite reprit de ce même ton précis et froid qui étonne toujours chez les femmes :

— Il n’y a qu’un instant, je soutenais M. Nicolas absent, et je disais pour motif : Il nous servira dans mon affaire.

Le grand jeune homme au profil bourbonien dressa l’oreille.

— Je vais m’expliquer d’un mot, poursuivit Marguerite : la bonne femme dont il