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ches comme des osselets, reprit avec empressement :

— Mes enfants, notre séance tire à sa fin, je n’aime pas veiller tard et je tiens à mon premier sommeil. Coulons à fond l’affaire de la comtesse. À vue de pays c’est une mine d’or que cette Normande, payant 22,876, d’une part, et 14,000 fr. de l’autre en contributions foncières. Cela donne un revenu colossal ! Mais ce sont des terres, d’abord, en second lieu c’est une Normande, troisièmement, elle est paysanne. Cela doit tenir ferme !

— Vous avez oublié les valeurs… commença la comtesse.

— Non pas, non pas ! 1,850 fr. de commission chez le banquier d’Alençon. Vous voyez que la mémoire ne baisse pas trop. C’est tout uniment féerique… et je suis sûr qu’elle mange du pain noir, cette bonne femme ?

— Pas tout à fait. Elle dépense une centaine de mille francs par an, répondit Marguerite.

— Peste ! alors elle vit bien, la luronne !

— Attendez. Je dis 100,000 fr. environ, dont 98,000 sont affectés à l’entretien de ses terres et maisons.

— À la bonne heure ! Et par où voulez-vous prendre une pareille créature ?

— Si je ne le savais pas, il n’y aurait pas d’affaire, répondit la comtesse.

Tout le monde devint attentif et le vieux remit sur la table ses papiers qu’il était au moment de serrer.

— Charmante ! charmante ! murmura-t-il. L’Amitié, c’est un cadeau sans prix que tu nous as fait là… Parlez, mignonne.