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— À son poste. Elle attend son père, en voiture fermée, au coin de la rue Harlay-du-Palais.

— Son père ! répéta le vieux. Et c’est toi qui viendras, mon gaillard ! Tout est au mieux. Les domestiques du premier étage ?

— Tous éloignés sous différents prétextes.

— Et la petite fille ?

— Endormie.

— Tu as la clef ?

— Non pas ! J’ai engagé moi-même Ysole à fermer la porte et à en prendre la clef.

— Mes trésors, dit le Père en s’adressant au conseil, on ne peut pas enlever tous les jours la réserve de la Banque de France. C’est une modeste affaire, peut-être, quoique la fortune du général soit très belle, mais, sangodemi ! je ne prendrai pas votre avis pour dire que la chose a été supérieurement menée : Nicolas a décidément du talent.

— Toi, marchef, reprit-il, attention. Tu as tes outils, pas vrai ? Tu ouvres la porte de l’appartement du premier ; tu entres, et tu fais comme chez toi : il n’y a personne à la maison. Il ne sera pas mauvais que tu prennes ce qui pourra être à ta convenance ; une armoire ou deux, brisées, seront bien ; tu peux aussi, avant de t’en aller, fausser un peu la serrure de l’entrée, mais ne perds pas trop de temps, et surtout ne prends pas une trop lourde charge. Voici le principal : dans la chambre située immédiatement au-dessous de celle où nous sommes, tu trouveras une fille endormie. C’est une malade. Tu la bâillonneras légèrement et sans la faire souffrir, puis tu l’envelopperas dans sa couverture, et tu l’emporteras. As-tu compris ?