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porte.

Àla demande du Père, le nouvel arrivant répondit :

— Frère de la Merci.

— C’est Son Altesse royale, dit le Père ; cela tombe bien. J’étais au bout de mon rouleau… Entrez avec le voile ! ajouta-t-il en élevant la voix.

L'illustre amant de notre Ysole franchit le seuil, la figure voilée.

— Prince, reprit le vieil homme, toujours gaiement, car c’était bien le plus aimable caractère que l’on pût voir, soyez le bienvenu, mon très cher, nous avons besoin de vous pour diriger cet honnête garçon. Vos petites affaires vont assez bien, grâce à Dieu, mais je dois vous confesser que notre entreprise n’a pas été accueillie par nos excellents amis avec une complète faveur.

— Il me suffit d’avoir l’estime et l’affection du Père, répondit le prince qui salua et prit place.

— Bien parlé ! s’écria le vieillard. Comme il comprend la situation ! quoique, certes, chacun des membres de ce conseil ait sa part d’influence… Ah ! comte, mon neveu, si j’avais aussi bien donné ma Fanchette à celui-là, c’eût été un joli ménage ! Povera ! j’ai fait un malheur.

Le comte Corona haussa les épaules, suivant sa coutume, et s’étendit plus commodément dans son fauteuil.

— Voyons, Altesse, reprit le Père, où en sommes-nous avec la demoiselle ?

— Où nous en devons être, repartit le prince, elle n’a pas d’autre volonté que la mienne. Elle m’aime éperdument.

— Parfait ; où est-elle ?