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sentait un ennemi.

Pistolet, qui semblait marcher pieds nus, tant son pas était muet, tourna la cage de l’escalier. Il avait à la main un tout petit crochet de chiffonnier, véritable joujou d’enfant qu’il avait dû fabriquer lui-même avec un brin de fagot et un clou.

— Mou, mou, mou ! appela-t-il en contrefaisant bien doucement la voix de Mme Soulas.

Les fagots bruirent par l’effort que faisait le matou pour pénétrer plus avant sous le tas, à reculons.

— Innocent, lui dit Pistolet, ne fais donc pas de manières ; tu ne t’en apercevras seulement pas. Et tu ne peux pas dire que je n’ai pas attendu. Maman Soulas a bon cœur ; s’il était venu le moindre lapin de gouttière… Mais non, quoi ! Il y a des jours comme ça. Quand on arrive tard à Bobino, tu sais, c’est la grêle… Bouge pas !

Les yeux du matou luisaient comme deux charbons et indiquaient exactement la place de sa tête.

Il y a de grands chasseurs, et presque tous les grands chasseurs sont un peu chirurgiens. Clampin, dit Pistolet, visa avec soin et piqua. Les deux charbons s’éteignirent.

— Là ! fit-il, c’était donc la mer à boire !

Ce dernier mot n’était pas encore prononcé, qu’un grincement se fit entendre derrière la porte no 9. Depuis quelques secondes, le bruit de martellement avait cessé.

Pistolet se laissa choir sur les fagots, sans