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lui envoyais pas la clef des champs. C’est un homme à ménager, jusqu’à ce qu’on le règle (le Père appuya sur ce mot), je lui ai envoyé la clef des champs, juste à temps pour utiliser son savoir-faire. C’est lui qui est Gautron. Le prince lui a expliqué ce qu’il avait à faire. Vous savez qu’il a du talent…

En ce moment, on frappa discrètement à la porte. Les assistants déployèrent des cravates de soie noire, derrière lesquelles tous les visages disparurent.

— Entre, Pique-Puce, entre, mon ami, dit le vieillard.

Un homme à physionomie malheureuse et qui avait l’air d’un clerc d’huissier campagnard se montra sur le seuil.

— Le prisonnier s’est donné de l’air, dit-il. Ça s’est bien passé.

Le colonel sourit et répliqua :

— Bien, mon garçon. Rends-moi le service d’allumer ton cigare ici, dehors, sur le balcon, et d’enlever le foulard qui pend aux barreaux, et va te divertir ensuite.

Piquepuce passa sur le balcon. Le Père poursuivit :

— Je disais, en parlant de Coyatier : c’est lui qui est Gautron ; je rectifie : il est le tiers de Gautron, car notre Nicolas a pris aussi Coterie pour le maçonnage et Landerneau pour la menuiserie. La muraille de la tour est épaisse, il y a bien où mettre un général.

En vérité, tous les yeux brillèrent, excepté ceux de cette belle Marguerite, dont la paupière resta baissée.

Cela devenait intéressant. Le vieux se frotta les mains et reprit :

— La succession est donc ouverte. Reste la petite malade d’en bas qui viendrait par-