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ses anciens amis, les carlo-républicains : c’était une idée de Nicolas ; il a du talent. Voici le programme :

» Moment choisi : sortie de l’audience où le général doit témoigner.

» Moyens : bagarre ; nous avons nos hommes et ça ne nous coûtera rien ; bousculades ; mouvements dans la foule ; passage ouvert.

» Meneurs, Cocotte et Piquepuce.

» Réussite infaillible.

» Mais voilà ce qui est de moi, et vous allez voir si je baisse. Notez que j’improvise, à présent, je dédaigne de suivre mes notes.

» Aussitôt hors de prison, le général doit recevoir une redingote de voyage, une casquette et un sac de nuit ; bon déguisement, hein ? Il se rend avec cela rue de Jérusalem, maison Boivin, monte trois étages et frappe à une porte où il verra écrit à la craie jaune le nom de Gautron… »

— Qui est ce Gautron ? demanda Lecoq.

— Vous allez voir ! s’écria le vieillard triomphant, car il savourait la curiosité enfin éveillée.

Il avait sa gloriole d’auteur. C’était Cartouche tombé en enfance.

Lecoq souriait d’un air narquois. Il s’enquit de l’heure où le général devait arriver rue de Jérusalem.

Le Père répondit :

— Le foulard rouge est encore au balcon et nous ne voyons pas arriver le prince. Le moment doit approcher.

— Alors, papa, murmura méchamment Lecoq, vous qui songez à tout, vous aurez sans doute posté quelqu’un avec une chan-