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d’Égypte. Les hommes tombaient, le nom restait debout. Le titre de Fra Diavolo était : Il Padre d’ogni (le père-à-tous).

Le dernier Père-à-tous de la 2e camorra, qui combattit longtemps, refoulé dans les Calabres, pendant les guerres de l’Empire, avait nom le colonel Bozzo. Il fut exécuté à Naples, dit l’histoire, en 1806.

Mais les bonnes gens du pays de Sartène, en Corse, savent bien à quoi s’en tenir à cet égard. En 1807, le colonel Bozzo, qui avait déjà les cheveux blancs, vint prendre ses quartiers dans les souterrains du fameux couvent de la Merci, où les chefs des Camorre avaient fait tant de belles et bonnes orgies. On l’appelait Il Padre d’ogni et Fra Diavolo comme devant.

Et il est avéré qu’en 1842, année où, pour la dernière fois l’association donna signe de vie, le couvent de la Merci, sous Sartène, était encore le refuge des Habits-Noirs de France et des Black-Coats d’Angleterre.

Par quelle filière cependant et selon quelle métamorphose les sauvages bandits de l’Apennin étaient-ils devenus chez nous ces malfaiteurs cauteleux, ces diplomatiques coquins, liant une affaire avec des habiletés miraculeuses et faisant servir le Code lui-même à la réussite de leurs desseins ?

Les choses changent selon les lieux ; les hommes font comme les choses. La géographie a des lois absolues. Dans les sentiers ouverts de la montagne, la violence ; dans les rues encombrées des villes, l’adresse.

C’est ainsi, prétend un philosophe, que les loups tombèrent au rang des chiens par l’éducation et la culture.

Mais dans le principe même de l’association, et lorsque les veste nere de la 2e ca-