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tement, conduite si habilement, qu’après avoir épouvanté deux grands pays pendant les trois quarts d’un siècle, elle n’a laissé dans nos fastes judiciaires qu’une trace insignifiante.

L’affaire relatée dans les causes célèbres, sous ce titre : Les Habits-Noirs, n’eut en effet pour héros que les comparses d’une puissante affiliation, que les goujats d’une terrible armée.

Il y a à parier même que les Habits-Noirs de nos causes célèbres étaient des contrefacteurs. Rien dans le procès ne prouve qu’ils appartenaient à la redoutable frairie du scapulaire corse.

Si j’en parle si net, c’est que je sais. Il faut me pardonner : c’est tout ce qui m’est resté de mon long et triste voyage autour de la préfecture de police.

Là, — au lieu même qui fait le titre de ce livre, — dans la rue de Jérusalem, en une maison qu’il ne m’est point permis de désigner, car la maison a laissé des souvenirs et l’homme est presque célèbre, je rencontrai un homme, vivant répertoire de ce qui touche aux Habits-Noirs.

Un Corse, un serviteur de la maison Bozzo-Corona, — un Habit-Noir.

Qu’on me pardonne ce que j’ai écrit et aussi ce que j’écrirai sans doute, car il y a dix romans encore dans les souvenirs à moi laissés par cet homme.

Cela dit, je résume en peu de mots ce qu’il faut savoir pour comprendre.

Les Habits-Noirs viennent d’Italie. Les Veste Nere (2e camorra de Naples et des Abruzzes) étaient connues dès le milieu du dernier siècle. Leur chef, Frère-Diable (Fra Diavolo) était immortel à la façon des Pharaons