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bien, la vie n’a qu’un temps, et ce temps passe comme un éclair.

Un des assistants, figure austère et amère, dit sèchement :

— S’il vous plaît, l’ordre du jour !

— Et faisons vite, ajouta un beau grand garçon, vêtu avec élégance, dont les traits pâles accusaient une nuit de fatigue ou d’orgie.

Le vieillard répliqua, sans rien perdre de la placidité de son accent :

— Monsieur l’abbé, nous sommes à vos commandements et toi, Corona, mon neveu, la paix ! Un de ces matins, nous nous expliquerons au sujet de ma petite Fanchette, que tu ne rends pas heureuse, et qui t’étranglera quelque nuit dans ton lit. Ah ! ah ! neveu, gare à toi ! ce sera bien fait !

Celui qu’on appelait Corona haussa les épaules, mais il devint plus pâle.

Mes lecteurs d’habitude et ceux qui, par fortune, auraient parcouru les deux premières séries des Habits Noirs[1] me pardonneront ici une explication courte et nécessaire.

Le présent récit, comme action, n’a point de connexité avec les deux autres dont il n’est en aucune façon la suite. Les seuls personnages communs aux trois drames sont les Habits-Noirs eux-mêmes.

Les gens rassemblés dans cette chambre, ce vénérable et doux vieillard, cette femme élégante et souverainement distinguée, son compagnon à l’énergique regard, M. l’abbé, le comte Corona et les autres étaient les Habits-Noirs ou du moins l’état-major de cette criminelle association, organisée si for-

  1. 1re série : les Habits noirs ; 2e série : Cœur d’acier.