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LA GALERIE DU GÉANT.

cette auréole divine des saints qui vont mourir. Il vit les traits charmants de Jessy, pâlis par son martyre, mais gardant une suavité sereine, et souriant à la mort…

Il eut ce rêve laborieux des gens que la fatigue écrase. Il n’était pas endormi encore ; ses paupières battaient alourdies, et il ne sentait plus ses membres, saisis par une sorte de torpeur.

Et il se disait :

— Je travaille, je travaille… je vais… je m′efforce…

Il croyait se mouvoir et continuer son vain labeur de la journée.

Jessy et Mill′s, qu’il voyait toujours, aiguillonnaient sa lassitude. Il travaillait, il travaillait.

Puis sa paupière cessa de battre ; son corps devint immobile comme un bloc de marbre ; le rêve lui-même s’enfuit : son sommeil était de l′anéantissement.

Pat, pendant cela, était installé à la table des valets de Montrath. Sa bouffonne figure lui avait valu le meilleur accueil. Grooms et laquais faisaient assaut, à son endroit, de lourdes plaisanteries britanniques. Pat ne se fâchait point ; il buvait et il mangeait pour huit jours. Plus on le raillait, plus il semblait joyeux, et c′était mer-