Pat frissonnait encore en songeant que, sans sa prudence, il aurait pu rester lui aussi dans les herbes du bog.
Morris ne l’entendait pas.
— J’ai fait ce que j’ai pu, pensait-il ; mais j’étais tout seul ! Je n’ai pas trouvé un ami sur ma route… Comment écarter cette armée de valets qui me barrait le passage ? Te souviens-tu de Jessy O’Brien, Pat ? ajouta-t-il tout haut.
— Ma bouchal ! la pauvre chère enfant !… si je m’en souviens, oh ! certes !…
Morris ouvrit la bouche, comme pour continuer ce sujet entamé brusquement. Ses yeux eurent un éclair et le sang revint à sa joue. Mais il ne parla point, et sa paupière alourdie se baissa de nouveau.
— Va au château de Montrath, reprit-il. Une femme étrangère y est arrivée aujourd’hui… il faut que tu saches d’où elle vient et qui elle est.
— Ça pourrait se faire demain matin ! murmura Pat en jetant un long regard d’envie sur la paille de sa couche.
— Il faut que tu interroges les valets de Montrath, poursuivit Morris. Ah ! je te donnerais ma part de la ferme, mon garçon, et tout ce que je possède au monde si tu parvenais à savoir où ils ont caché la pauvre Jessy !