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QUATRIÈME PARTIE.

Je ne voulais pas le croire, parce que Dieu, pensais-je, devait à la fille des rois une protection victorieuse. On m’avait dit : « Le Saxon l’a ensorcelée !… » Et n’a-t-il pas ensorcelé mon frère Morris pendant quelque temps ?… Ah ! je le crois maintenant, je le crois ! je le crois !

La voix se baissa jusqu’au murmure.

— Mais la vierge que le sort a touchée, poursuivit-il, se redresse et se guérit dès que l’auteur du maléfice a été mis à mort…

Le regard de Jermyn se tourna si menaçant vers la porte de l’heiress, que celle-ci fit un mouvement involontaire pour lui barrer le passage…

En même temps, par la fenêtre ouverte, elle regarda si ses frères d’adoption ne revenaient pas. La nuit était obscure. Sur les flancs du mont et dans la vallée, des points lumineux se mouvaient lentement ; mais aucune de ces lumières ne semblait s’approcher de la ferme.

Ellen n’avait rien à espérer de l’appui des Mac-Diarmid.

― Ils sont loin ! dit Jermyn qui devinait sa pensée, et ils resteront longtemps agenouillés autour de la tombe de notre frère, tué par les Saxons… Quand ils reviendront, pensez-vous qu’ils aient le cœur de défendre un des assassins du pauvre Dan ?