temps à autre, lorsqu’un coup de vent, précurseur de la tempête, soufflait de l’ouest et rasait le rivage, la brume, balayée pour un instant, laissait voir au loin les lumières de Galway et les fanaux rougis des navires à l’ancre dans la baie.
Puis le vent cessait ; la brume éclaircie se condensait de nouveau ; aucun souffle n’agitait plus l’atmosphère immobile.
En ces moments, Morris n’était plus guidé que par son instinct et aussi par un bruit sourd qu’il entendait au-devant de lui depuis sa sortie de la ville, et qui semblait marcher précisément dans la direction de Ranach-Head.
Morris n’aurait point su définir en ce moment la nature de ce bruit, étrange à pareil heure ; c’était comme une troupe d’hommes à cheval, trottant à un demi-mille de distance.
Il y avait des instants où Morris eût juré que cette hypothèse était la réalité. Ce qui le confirmait dans cette opinion, c’est que, malgré l’extrême rapidité de sa course, le bruit restait toujours à la même distance par rapport à lui ; s’il s’en approchait, c’était de bien peu. Mais, d’un autre côté, quel motif assigner à la marche nocturne de ces cavaliers ? La régularité du son semblait annoncer des soldats, et comment penser