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LA GALERIE DU GÉANT.

Jermyn n’avait plus besoin de tâtonner ; cet indice suffisait à le conduire.

Quelques pas encore, et il était si près de Mortimer qu’il aurait pu le toucher du bout de son fusil.

Il s’arrêta. Une sueur froide inonda ses tempes. Sa main défaillante avait peine à soutenir son arme.

Dieu ne l’avait point fait pour être un assassin. Le cœur lui manquait.

Mais tandis qu’il hésitait, des images navrantes envahirent sa mémoire. Il ressentit comme un contre-coup de ses tortures de la journée ; il revit Ellen soutenant le major ; ses oreilles troublées lui rendirent comme un écho du baiser entendu.

Sa main se crispa autour du canon de son arme. Sa figure, que nul œil, sinon celui de Dieu, ne pouvait épier à cette heure, s’épanouit en un sourire de sauvage triomphe.

Il abaissa le bout de son mousquet. Il tâta. L’arme rencontra des pieds, puis des jambes étendues, puis une poitrine…

Ce fut là qu’elle s’arrêta. La poitrine tressaillit faiblement sous le froid de l’acier.

Jermyn sentit le mouvement et pressa la détente. Le coup partit. Les voûtes rendirent un