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LA GALERIE DU GÉANT.

Au dehors on entendait les voix murmurantes des prisonniers répandus dans les cours et dans les préaux pour la récréation du soir.

La figure de jeune fille était toujours derrière le rideau, à la croisée de la maison de Daws. Elle regardait, pensive et surprise, cet étrange festin qui se poursuivait sous ses yeux.

Parmi les convives de ce repas funèbre, il y en avait un surtout qu’elle ne perdait point de vue. Les heures s’étaient écoulées sans qu’elle s’aperçût de leur passage, et ses grands yeux bleus restaient fixés obstinément sur la figure pâlie de Morris Mac-Diarmid.

Pauvre Francès ! elle aussi était bien pâle ! À la place de ces riants et beaux espoirs qui lui donnaient naguère à rêver si doucement, il n’y avait plus en son cœur que tristesse.

Tout à coup son œil distrait devint plus attentif. Elle frotta du doigt la vitre, obscurcie par son haleine.

Morris venait de porter précipitamment la main à son sein et d’en retirer un objet dont Francès ne pouvait point distinguer la nature.

Il semblait à la jeune fille que Morris épiait les mouvements de son père. Et, en effet, ce dernier s’étant tourné vers la fenêtre pour reconnaître l’heure à la hauteur du soleil, Morris saisit