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QUATRIÈME PARTIE.

mots à un Irlandais chevelu qui faisait office de postillon. Le fouet claqua, sillonnant les côtes ruisselantes des chevaux.

La voiture s’ébranla au galop, et glissa comme un trait sur la descente. La jeune femme avait quitté la portière.

Quand Morris toucha le sommet de la côte à son tour, la voiture était tout en bas, tout en bas, à une distance plus grande que jamais…

Le jeune maître s’arrèta, abasourdi. La sueur inondait sa joue, où se collaient les mèches humides de ses grands cheveux.

Il s’appuya sur son bâton et resta immobile, durant une seconde, à regarder la voiture qui s’éloignait toujours.

Il n’avait plus guère d’espoir de l’atteindre, et d’ailleurs Mary Wood y était-elle ? Ses doutes revenaient, à cause de cette figure inconnue qu’il venait d’apercevoir.

Mais Mac-Diarmid ne savait pas hésiter longtemps.

— Il y a deux femmes, se dit-il, et je n’en ai vu qu’une… Mary Wood est l’autre !

Il reprit sa course avec une ardeur nouvelle. Le postillon irlandais fouettait maintenant ses chevaux à tour de bras et les poussait tant qu’il pouvait.