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LE CHATEAU DE MONTRATH.

les efforts des six généraux, on détela les chevaux en un clin d’œil, et vingt ou trente garçons de bonne volonté se mirent à traîner la voiture.

Mary Wood ne se possédait plus. Elle s’était levée et se tenait debout, représentant assez bien un triomphateur antique sur son char. Elle gesticulait en poussant des cris perçants ; sa face immobile s’illuminait d’allégresse, et les deux caméristes, des princesses sans doute, qui étaient assises sur le siège de derrière, s’attendaient à chaque instant à la voir se jeter, tête première, au milieu de la foule.

La procession s’arrêta enfin devant le principal hôtel de Galway, qui était situé au centre de la ville. Mary Wood descendit de son équipage et parvint jusqu’au parloir, portée sur les bras de ses sujets fidèles.

Elle se laissa tomber dans un fauteuil, écrasée de fatigue et de joie. Le maître de l’hôtel fit fermer les portes, mais on entendit longtemps encore les cris de la foule au dehors.

C’en était fait, mistress Wood était repealer enragée. Elle but en déjeunant du madère, du sherry et du rhum, à la confusion éternelle des suppôts de l’orangisme.

Pendant qu’elle déjeunait, un de ses généraux