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TROISIÈME PARTIE.

et n’eût point voulu céder, pour tout l’or du monde, la moindre part de cette ovation inattendue.

Elle aimait désormais l’Irlande de tout son cœur, et, tout en saluant de la main à droite et à gauche, elle faisait dessein de s’établir à Galway pour le reste de ses jours.

Une seule chose la chagrinait, c’était de voir tant de gens mal vêtus ; mais, au demeurant, avec quelques milliers de livres on pouvait donner à chacun de ces malheureux un habit complet de gentleman : c’était l’affaire de lord George Montrath.

Mais elle n’était pas au bout de son triomphe.

Comme elle entendait prononcer souvent autour d’elle le nom de William Derry, elle se prit à répéter ce nom par hasard.

Ceux qui marchaient auprès de la voiture l’entendirent et redoublèrent tout à coup leurs étourdissantes acclamations.

— Elle a crié pour William Derry, la chère petite reine ! dit-on bientôt de toutes parts ; oh ! le bon cœur !… oh ! le doux amour !…

— Elle a crié ! répéta John Slig, je l’ai entendue… Mes chéris, dételons les chevaux et traînons la voiture !

La motion eut un succès de prodige. Malgré