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LE CHATEAU DE MONTRATH.

tres, Montrath n’en savait pas plus long qu’alors.

Il y avait toujours une menace au-dessus de sa tête, et sur ses yeux un bandeau toujours.

Mary Wood cependant possédait infuse la science de jeter l’or par les fenêtres ; cette science a la réputation d’être commune, ce qui constitue une très-grave erreur. Sur dix hommes, il n’en est souvent pas deux qui pussent suffire à la fatigue de dépenser un million annuellement, sans faire une seule chose utile.

Mary, elle, dépensait gaillardement son million. À quoi ? C’est plus que nous ne pourrions dire, et Mary elle-même en savait sur ce sujet moins que nous encore, s’il est possible.

Les guinées coulaient entre ses mains ouvertes comme un fluide glissant qu’on ne peut point arrêter au passage.

Elle affichait un luxe insensé, achetait tout, ne se servait de rien, et dissipait tous les jours de longs rouleaux de souverains, elle qui aurait pu tout aussi bien s’enivrer suffisamment pour quelques schellings.

Ce que lord George lui donnait disparaissait comme par enchantement. Elle y allait de si grand cœur, que milord avait à peine le temps de rassembler les bank-notes qu’elle jetait au vent chaque semaine. On eût dit vraiment qu’elle