Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
LE CHATEAU DE MONTRATH.

rapet ; elle regardait et faisait effort pour ne point crier au secours…

Les matelots du canot avaient donné déjà quelques coups d’avirons pour regagner leur sloop ; mais en voyant briller les épées de loin, ils virèrent de bord et firent force de rames vers le rivage.

Morris compta de l’œil ses adversaires et se mit en garde avec son shillelah. En même temps, il glissa dans son sein le paquet de linge contesté.

Mary Wood fronça le sourcil, et son visage bronzé devint rouge.

— Vous jouez gros jeu, Paddy ! murmura-t-elle. Voulez-vous me rendre ce paquet ?

— Non, dit Morris.

— Du diable si je ne suis pas fâchée de faire du mal à un si beau garçon ! grommela l’ancienne servante en toisant Morris de la tête aux pieds d’un œil amateur ; mais il me faut ces chiffons : John et Mick, attaquez-moi ce gaillard-là par devant… William et Richard, prenez-le par derrière, et tâchez de le désarmer sans le tuer.

Cet ordre était aisé à donner seulement.

Les quatre valets s’élancèrent, mais un bond de Morris évita leur attaque, et ils se trouvèrent