Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
LE CHATEAU DE MONTRATH.

bruit derrière Mary Wood, en affectant assez d’indifférence pour ne point attirer l’attention des valets, qui étaient maintenant à une cinquantaine de pas.

— Comme nous avons la vie dure, nous autres femmes ! disait cependant Mary Wood, qui était en veine de réflexions philosophiques ; et comme nous avons de l’esprit !… En voici une qui n’avait ni plume, ni encre, ni papier, ni cassette, et qui s’est fait une cassette, des plumes, de l’encre et du papier… avec rien !… Ah ! les femmes ! les femmes !… Je ne sais pas s’il y a au monde une seule chose que les hommes sachent faire mieux que nous !… Boire peut-être… mais moi je bois autant que deux hommes !

Morris passait en ce moment son regard par-dessus l’épaule de Mary Wood. D’un seul coup d’œil il lut la première ligne tracée sur le linge, et s’élançant en avant avec un cri de stupéfaction, il arracha le paquet des mains de l’ancienne servante.

Les quatre valets accoururent aussitôt.

Mary Wood était restée un instant ébahie.

— Ah bah ! dit-elle enfin sans se fâcher. Pourquoi veux-tu me voler cela, Paddy… ou Patrick ?… Tu vois bien que les morceaux de toile sont trop petits pour qu’on en puisse faire une