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TROISIÈME PARTIE.

profusion de soie, de velours, de dentelles et de bijoux, ajustés sans goût et avec une prétention théâtrale.

Elle ressemblait, avec ses diamants et ses plumes, à une reine de mélodrame échappée des planches d’Adelphi.

Pour quiconque n’eût point vu la détresse du lord et de Georgiana, au pied des tours de Diarmid, cette scène n’aurait eu rien vraiment que de comique. Il y avait du rire dans ce tableau : quatre grands laquais sur la grève, entourant une femme parée comme pour un bal travesti, et s’occupant gravement à réparer les désordres de sa toilette ; et derrière, sur la chaloupe, les bons matelots du Claddagh de Galway, qui regardaient cela d’un air sérieux et surpris.

La farce anglaise n’est pas faite autrement. À voir cela représenté sur le théâtre de Surrey, John Bull se fût tenu les côtes.

Mais, pour les spectateurs qui regardaient du haut du cap, la farce avait un terrible revers, parce que cette femme empanachée, couverte d’or, de diamants et de soie, avait nom Mary Wood…

Quand sa toilette fut finie, elle écarta ses domestiques d’un geste souverain, et se tourna vers les matelots qui l’avaient amenée.