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LE CHÂTEAU DE MONTRATH.

dait sa main vers la plage dans une attitude d’impérieux commandement.

— Ils vont toucher ! murmura lord George.

Ces mots, prononcés à voix basse, avaient comme un accent d’espoir.

En ce moment le sloop bondissait entre les premiers écueils qui défendaient l’approche de la plage.

De cette première ligne de récifs à ceux qui bordaient la grève, il y avait un large espace où les vagues arrivaient brisées et affaiblies. Les voiles du sloop tombèrent à la fois, il jeta l’ancre et mit sa chaloupe à la mer.

La femme y descendit avec ses quatre laquais et des rameurs.

Les sourcils de lord George s’étaient froncés violemment ; le sang avait envahi de nouveau sa joue ; son visage exprimait une émotion extraordinaire. Il essuyait son binocle, le plaçait devant son œil et l’essuyait encore. Ses regards étaient comme aveuglés.

— Vous connaissez cet homme ? dit Georgiana à Francès, qui suivait toujours de l’œil la marche lente du fermier irlandais.

— Oui, répondit Francès.

Georgiana allait faire une autre question, mais son attention fut détournée par un blasphème