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LE CHÂTEAU DE MONTRATH.

Cependant les deux jeunes femmes distinguèrent au-dessous d’elles, à l’endroit où le sable touchait les récifs, un homme qui cheminait lentement ; c’était un fermier du pays, vêtu du carrick sombre, et appuyé sur le shillelah.

Lady Montrath, qui avait pris le bras de Francès, sentit le cœur de la jeune fille battre vivement. Elle la regarda, surprise, et vit son œil se diriger plus brillant vers le fermier, qui continuait sa route vers la base du cap.

— Le voilà, le voilà ! dit en ce moment lord George, en montrant du doigt le sloop.

C’était un joli bâtiment, aux formes élégantes et sveltes. Le vent pesait, inégal et faible, sur sa brigantine inclinée ; il se penchait, fendant la vague avec grâce, et gouvernait pour doubler le cap.

Il était à peine à un tiers de mille du rivage.

On apercevait assez distinctement maintenant des matelots qui s’agitaient sur le pont ; et, parmi les matelots, on voyait une femme de grande taille gesticulant et se donnant l’air de commander le navire.

Lord George ne songea point cette fois à maudire les couleurs du Repeal, qui flottaient au mât unique du sloop. Il ne prononça point le nom du Libérateur.