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LE CHATEAU DE MONTRATH.

milord, et que l’empire absolu qu’elle gardait sur lui prenait sa source dans un reste de passion.

« J’expliquais ainsi les incroyables prodigalités de lord George, car cette femme n’a rien, Fanny, et les millions qu’elle dépense, ce sont mes revenus et ceux de Montrath…

« Mais cette révélation fut pour moi le dernier trait de lumière. Je me rappelai tout ce que m’avait dit cette mistress Wood, et chacune de ses paroles prit une signification redoutable.

« Elle était la complice ou la confidente du crime ; elle savait tout ; elle pouvait menacer à coup sûr !…

« Si vous saviez comme lord George la redoute !… Pour la fuir, il m’a menée en France, tout de suite après notre mariage… nous devions passer trois mois à Paris. Le lendemain de notre arrivée, nous étions à l’Opéra. La porte de notre loge s’ouvrit, et mistress Wood vint s’asseoir entre milord et moi…

« Quelques heures après, nous étions sur la route de l’Italie. À Naples, où nous débarquâmes, la figure de cette femme arrêta nos premiers pas.

« Elle sème l’or partout : l’or ne lui coûte rien. Il n’y a pour elle ni obstacles ni distances.