Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
LE CHATEAU DE MONTRATH.

circonstance un motif suffisant à vos craintes.

Lady Montrath se rapprocha d’elle, comme si l’instinct de sa frayeur eût cherché machinalement protection et appui.

— Mes craintes ! murmura-t-elle ; oh ! Fanny, je ne crains pas, je suis sûre !… Écoutez, écoutez… Depuis lors, j’ai revu bien des fois cette mistress Wood, et toujours elle m’a lancé en passant de mystérieuses menaces… Plus d’une fois elle m’a abordée au parc et à l’église pour me parler, en des termes vagues et qui me font frémir, de la première femme de milord… cette pauvre fille d’Irlande, Fanny ! On l’avait vue la veille se promener dans les jardins de Montrath-house, et le lendemain on scellait le marbre de sa tombe !… Quand les gens de Montrath parlent d’elle, ils pâlissent, et de sourdes rumeurs ont couru jusque dans les salons du West-End !

Francès écoutait, attentive ; elle faisait effort pour ne point montrer ses craintes à son amie, mais ce récit commençait à l’impressionner vivement ; elle voyait vaguement, elle aussi, un crime dans le passé, un danger dans l’avenir.

Mais elle s’efforçait de sourire encore, et Georgiana se sentait presque rassurée à ses caressantes tendresses.

— Vous resterez avec moi, Fanny, n’est-ce