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TROISIÈME PARTIE.

noble parente l’arrêtait victorieusement toujours.

Jermyn avait conservé ce respect au milieu de sa passion. Une sorte de muraille sacrée était entre l’heiress et lui. Il l’aimait jusqu’à la fureur, mais aussi jusqu’à l’adoration, et l’adoration implique la crainte.

Un quart d’heure s’écoula. Jermyn restait à la même place, couvant de l’œil avec convoitise cette lueur faible qui sortait par la serrure d’Ellen, et n’osant point y mettre son regard. Pourtant la fièvre le poignait, et il eût donné des années de sa vie pour savoir ce qui se passait, à quelques pieds de lui, derrière cette planche.

Il n’y pouvait plus tenir. Il allait se retirer, pour ne point céder à la tentation qui devenait irrésistible, lorsqu’il entendit comme une plainte étouffée dans la chambre d’Ellen. En même temps les deux chiens s’élancèrent contre la porte et hurlèrent avec menace.

Un soupir rauque s’échappa de la poitrine de Jermyn, dont les yeux se troublèrent et qui vit passer dans la nuit, comme un fantôme, le pâle visage du major Mortimer. Il se baissa par un mouvement rapide et impossible à réprimer. Son œil se plaça devant le trou de la ser-