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LE CHATEAU DE MONTRATH.

Son âme parla et dit : « Il faut le sauver ! »

Elle se pencha, empressée, au-dessus du blessé ; ses mains délicates dénouèrent le linge avec des précautions infinies. Elle ne pâlit point à la vue du sang qui coulait abondamment de la blessure. Il y avait dans ses yeux le courageux et sublime amour d’une mère.

Elle lava la plaie avec l’eau du lac, puis elle retourna le bras pour chercher la balle. Une autre ouverture qu’elle n’avait point aperçue jusque-là lui dit que le plomb avait trouvé une issue.

Elle adressa un sourire au ciel, et sa muette prière alla remercier Dieu. La blessure était sans danger ; elle se sentait assez savante désormais pour la panser et pour la guérir.

Elle appuya le bras de Mortimer sur sa mante rouge pliée en forme de coussin, et toucha la plage d’un bond. Entre les troncs moussus des grands arbres, elle chercha ces herbes connues qui étanchent le sang, et dont la bienfaisante vertu n’est pas plus un secret pour les pauvres filles de la montagne que pour les doctes chirurgiens des villes.

Ce fut l’affaire de quelques secondes ; elle rentra dans le bateau les mains chargées de son butin précieux. La plaie de Mortimer fut de