Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.
219
LE CHATEAU DE MONTRATH.

les pulsations presque imperceptibles de son pouls affaibli.

Les yeux du major étaient fermés ; ses traits, décolorés et comme privés de vie, gardaient une sorte de sérénité calme. On eût deviné que son dernier regard avait rencontré une figure aimée.

Ellen perdait à le contempler ce qui lui restait de courage. Le plus cruel aurait eu pitié en voyant cette généreuse nature courbée sous le poids trop lourd de sa détresse.

Elle ne pleurait point : elle souffrait trop pour avoir des larmes.

Quelques minutes se passèrent, durant lesquelles son inaction, qui lui était un reproche, mit le comble à son désespoir. En même temps une idée cruelle et qui n’avait point trait au danger immédiat du major vint à traverser son esprit. Dans ses longues causeries avec son amant, elle avait puisé la connaissance des mœurs anglaises ; elle savait ce qu’avait d’inflexible et de rigide la discipline militaire des Saxons ; elle savait en outre combien de haines jalouses et envenimées s’ameutaient autour de l’homme fort qui avait prétendu mettre la justice entre les rancunes aveugles des partis.

Elle se souvenait de l’énergique vouloir de Mortimer, dont le premier mouvement avait été