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TROISIÈME PARTIE.

— Oh ! M. Brown, dirent les malheureux dragons, que Dieu vous protège et souvenez-vous de nous !

Brown était déjà en selle ; il piqua son cheval qui secoua ses flancs chargés de boue et partit au galop.

Les dragons ne lui envoyèrent que des bénédictions, car ils espéraient en lui.

Quant au major, ils le maudissaient et l’accusaient de lâcheté. C’est à peine si les Molly-Maguires eux-mêmes étaient animés contre lui de sentiments plus hostiles. Et Dieu sait pourtant que les Molly-Maguires avaient la rage au cœur, et qu’ils auraient donné tout le reste de leur vengeance pour cette proie qui leur échappait !

Les poneys cependant avaient couru vaillamment. On n’apercevait plus les deux fugitifs que comme un point rouge dans la direction du Corrib : ils disparurent tout à fait derrière les arbres qui s’étendent comme un cordon vert entre le bog et le lac.

Ellen s’arrêta ; sans descendre de cheval, elle déchira la manche de l’uniforme du major, et serra son mouchoir de toile sur la plaie. Le sang de Percy coulait abondamment.

Mais les Molly-Maguires avaient pu voir l’endroit où les deux fugitifs avaient quitté le ma-