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LE CHATEAU DE MONTRATH.

vrir les yeux, s’étonnaient de cet instant de répit ; ils n’entendaient point le son des souliers de bois sur le plancher de la salle, et nul assiégeant n’avait encore fait irruption dans le lieu sacré de leurs assemblées.

Mais en ce moment un bruit inexplicable se fit, et les orangistes sentirent à leurs pieds une subite fraîcheur.

Les plus hardis ouvrirent les yeux. Ils virent devant les soupiraux des figures grimaçantes qui se démenaient en clamant. La sensation de froid gagnait, gagnait et montait le long de leurs jambes. Le bruit inexplicable continuait de se faire entendre, et les pauvres orangistes, se croyant le jouet d’une illusion, voyaient comme une brillante cascade écumer et se précipiter par leurs fenêtres forcées.

— Ils veulent nous noyer ! s’écria Brazer.

Un immense éclat de rire répondit du dehors à cette exclamation, et la cascade redoubla de vigueur.

En même temps des jets de pompe, roides et admirablement dirigés, pénétrèrent dans la salle souterraine. Avant que les orangistes eussent pu se reconnaître, ils eurent de l’eau jusqu’à l’estomac.

Alors ce fut une déroute plaintive ; les mal-